samedi 25 février 2012

De Rameswaram la mystique a Hampi la paisible

Hello!

Merci pour vos mails et messages tres sympas. Je continue de vous tenir au courant!

Il est temps de quitter Kanan et Kalyan qui ont ete tres accueuillants et avec qui j ai beaucoup appris au sujet de la philosophie hindoue. Sur le quai de la gare, Kanan finit quand meme par me demander 200 roupies (3 euros) ``pour boire du whisky cette nuit``. Niet mon gars, voila des cartes postales hindoues 3D, des stylos pour ta fille, et 30rp pour ton hospitalite, mais rien pour te saouler! D autant plus qu il est deja completement raide. J ai meme droit a un tres affectueux bisou sur la bouche de la part du moustachu, a la russe quoi. Berk berk.

Le train se passe plutot pas mal. Niveau sommeil, rien a voir avec le bus couchette! Ca bouge beaucoup moins, mais les boules quies sont encore une fois indispensables et il faut accepter que des types squattent un bout de votre lit pour discuter sans retenue au milieu de la nuit, exactement comme si vous n etiez pas la...

Je rencontre un franc succes aupres des indiennes, et apprends vite qu elles sont tres directes! Un grand sourire et 30 secondes de discussion suffisent pour qu elles vous declarent leur flamme ``You have beautiful hair, are you married? I like you so much, please come to my room!``. Ca me rappelle un peu l Indonesie. Leur charme est loin de me laisser indifferent, mais dans ces pays les traditions ont la peau dure et les choses ne sont pas si simples en termes de relations conjugales.

A Chennai la titanesque, je profite de mes 5h d attente pour zoner dans les ruelles glauques autour de la gare, et passe des heures a observer le fascinant balet de la circulation indienne dans ce dedale d immenses arteres. Confortablement blotti entre des egouts immondes et la pollution de la rue, je trouve grandiose ce spectacle melant pietons, autos, motos, bus, rickshaws, velos, echoppes mobiles et animaux. Defile sans fin d une incroyable densite, et dont les mouvements sont d une harmonie toujours aussi surprenante.
Mais curieusement, des que je trouve un point sureleve pour avoir une meilleure vue, les flics ne manquent pas de me degager.
Je seme aussi quelques roupies : un cul de jatte par ici, un lepreux par la... Je sais que c est aussi utile que de pisser dans un violon, mais comment leur refuser ca? Quelques images a la ``freakshow``qui rappellent que la vie ne fait parfois pas de cadeau.






Le port du casque interprete par les indiens...






Puis looooong train de jour surpeuple jusqu a Bangalore, 7h de trajet. Pour passer le temps, je fais comme les indiens : je m assieds sur le seuil de la porte, ouverte en permanence, pour profiter des paysages. Mefiance quand meme : tout le long du convoi il pleut des dechets jetes par les fenetres. Quand ca roule vite, on sait aussi quand quelqu un vient de tirer la chasse d eau en amont de votre wagon... Mieux vaut ne pas trop penser a ce qu on se prend dans la figure!
Je rencontre encore un indien qui se vante de boire tous les jours. Contrairement a ce que je prejugeais, l alcool semble vraiment etre un gros probleme de sante publique ici.

Puis encore un train de nuit qui se passe bien jusqu a Hospet, puis un rickshaw (dont le chauffeur de 20 ans picole lui aussi quotidiennement) jusqu a mon but : Hampi.
On ne m avait pas menti : des paysages grandioses a perte de vue! Les cailloux de la cote de granit rose bretonne sur des kilometres et des kilometres, version hindoue et presque montagnarde, sur fond de jungle. Le village, entoure de 400 temples, est tout petit et respire vraiment la tranquillite.
J ai quitte le Tamil Nadu, et ici c est le Karnataka. Le contraste est important ; les tamouls m`apparaissaient rudes et brutaux, meme entre eux (pas toujours facile de leur decrocher un sourire, et encore moins un ``bonjour``, ``svp``, ``merci`` ou ``au revoir``), alors qu ici les commercants sont relax, souriants et vous laissent tranquille.
Dans les boutiques, on vous propose les habituels encens, statuettes, bols tibetains... et de la marijuana tiens!

Je pars en exploration sur mon velo loue 1 euro par jour. J arrive par hasard aux chutes d eau locales. Un desert de gros blocs de granit, une riviere au milieu, des plantations de bananiers autour, et peeersooonnnnne a l horizon. C est presque inquietant meme. Une chute entre 2 rochers ou une mauvaise rencontre et personne pour venir a votre secours... Les crocos seraient egalement de service. Mais c est si beau et si paisible! Rien de tel pour oublier le long periple ferroviaire.
Apres quelques kilometres de crapahut, le charme est subitement rompu. Un indien allonge sous des rochers me fait signe de venir vers lui. Je le sens pas trop, mais je suis curieux et il n a pas l air mechant ; je m approche. Et il se trouve que le gars est a poil, en erection, la bite enfilee dans le goulot d une bouteille plastique... ``look, you like that, sex? want to try? Come!`` OK je vois bien a quoi j ai affaire. Je tourne le dos et m eloigne, mais il insiste un peu : ``wait! Have cigarette? ten rupees? What time is it?``. Il me suit meme, deambulant avec sa bouteille toujours en place et orientee a midi... J accelere le mouvement et tchao! Tout comme le Sadhu de Rameswaram, je ne lui propose pas de le prendre en photo!
Mais pourquoi faut-il que je tombe systematiquement sur des types comme ca, en France comme a l etranger? He oui, je commence (helas) a etre sacrement habitue, entre les dunes, les forets, et meme les villes d ici et d ailleurs.

En tout cas, le ton est donne : ici c est le paradis, mais une certaine prudence s impose quand meme!

Soiree paisible dans un bar tenu par des nepalais, qui sont nombreux a venir en Inde du sud pendant la saison touristique pour se faire un peu d argent tout en echappant a la rigueur de leur hiver.
Ambiance super zen et je rencontre pas mal d etrangers tres ouverts d esprit et qui me causent meditation, pratique tres en vogue ici.

Hampi ca promet, et je pense rester ici quelques temps...






C est tout pour le moment!

A bientot!

mardi 21 février 2012

Rameswaram la mystique



Le lendemain de mon arrivee, je rencontre un francais sympa avec qui on passe 2 jours a zoner dans le coin avant qu il ne reparte pour Kanyakumari. Dans certaines circonstances c est plus rassurant a deux...




Le trafic au pied de mon hotel avec son deluge de klaxons : difficile de dormir apres 5h du matin sans boules quies salvatrices! Dans l hotel c est l orgie sonore aussi avec l`absence la plus totale de discretion de la part des pelerins, qui semblent demenager leurs meubles tout au long de la nuit. India`s rules.

Notez le gars en mob qui n a pas peur avec ses oeufs...

Mes deux potes improvises, Kalyan a gauche, Kanan a droite, avec sa femme et sa fille. Cette derniere serait la reincarnation de sa propre grand-mere, decedee 12 jours avant sa naissance.
Kanan a un bandeau sur le front, suite a son accident de mob de ce matin. Faut dire que les deux comperes, que je trouve sympas quoiqu` un peu collants, sentent la picole du matin au soir...



Du coup, je pense faire deux heureux en leur offrant une bouteille de pur pommeau de Bayeux. Elle est descendue dans la demie-heure et je pense qu a defaut de l avoir appreciee a sa juste valeur, ils l ont quand meme bien aimee!




Right time, right place!


Le hasard fait qu on tombe en plein festival hindou, ce qui promet d etre riche en couleurs dans cette ville si sainte.
Ne me demandez pas de quel festival il s agit, ni de quel (s) dieu(x) il est question. C est le genre d info que les indiens ne savent pas vulgariser. Quand on leur pose la question, la barriere de l accent anglais associee surtout a la complexite des histoires concernant leurs divinites rend tres vite l explication plus que floue. Pour illustrer, d apres le peu de choses que j ai apprises, il y aurait dans l hindouisme 360 millions d`avatars de dieux differents et leurs histoires continueraient d evoluer...


Petite photo qui illustre l intensite et la variete des couleurs qui sont partout, des sarees des femmes aux cornes des vaches en passant par les innombrables monuments religieux. 
Voila pour ce qui est de la vue. Mais imaginez que c est un peu pareil pour l ouie, le gout et l odorat, le tout sous une chaleur parfois ecrasante. Vous comprendrez alors ce qui rend les sorties dans la rue si enivrantes et si fatigantes. A chaque fois que je sors de ma chambre, j ai l impression de m immerger dans un bain ``multisensoriel`` dans lequel il n est pas toujours facile d entrer!


Ce qui est surprenant, c est la maniere dont tout cohabite : la fumee de l`encens et le fumet des egouts, les riches et les pauvres, le propre et le sale, la musique et les klaxons, les differentes couleurs, les animaux avec les hommes et les voitures, le sommeil des gens dans le vacarme ambiant, la vie et la mort. En fait ici c`est comme chez nous, mais sans les barrieres ; on ne cache rien et ce qui existe, existe. 







Petit panorama autour du temple a 5h45 du matin : ca grouille deja de partout. Ca donne le tournis, tout seul la-dedans!









Les pelerins accomplissent tout un rituel, se faisant asperger de l`eau de chacun de 22 puits sacres du temple, avant de s immerger dans la mer. Certains ``echangent`` un peu d eau d ici contre de l eau qu ils ont ramenee de Varanasi (Benares), LA ville sainte pour les hindous.











6h30 : Densite, diversite, couleurs, odeurs, chaleur, ferveur religieuse, on ne fait rien a moitie ici...


A 30m derriere ce ghat (les marches qui descendent vers la mer), je suis surpris de trouver une plage quasi abandonnee. Une fois sur place et apres quelques face a face inattendus avec des types accroupis, je comprends que je suis dans les toilettes publiques. Ciel ouvert, aucune intimite. La encore, on ne cache rien de rien! Cote pratique, les porcs nettoient tout des que vous avez fini.



 

Preparation minutieuse des offrantes avant de se jeter a la mer

 Le soir, les idoles sont de sortie dans d impressionnantes processions melangeant musiciens, gros chars vehiculant les divinites, groupes electrogenes, et surtout une foule de pelerins presque en transe. La musique jouee est elle aussi surprenante ; on y retrouve des sons qui rappellent la musique celtique et des rythmes qui m evoquent la drum`n`bass!



Dhanushkodi, l autre Finistere

Rameswaram est en fait situee sur une ile tres effilee qui pointe vers le Sri Lanka. Au bout du bout, il ne reste pas grand chose du village de Dhanushkodi, balaye en 1964 par un cyclone. Il faut dire que tout est plat de chez plat et juste au niveau de la mer. L extremite est de l ile est une langue de sable de 5 km de long sur quelques centaines de metres de large qui vient mourir a la croisee du Golfe du Bengale et de la Mer des Lacquedives. Une sorte de Sillon du Talbert (pour les bretons), version giga!

Le village survit...
La cuisine d un des restaus locaux. Normes sanitaires indiennes...   



Photo suivante : Bienvenue au bout du bout du bout du mooooonde!!!

A la pointe, un calme olympien. Rien. Juste du sable blanc, de l eau bleue, quelques barques de peche et quelques pelerins venus se purifier dans ce lieu lui aussi sacre. Du silence... La furie des villes m avait fait oublier cette sensation de quietude! L ambiance me rappelle celle des grandes plages desertes de La Hague ou de Bretagne. Une exception ici, assurement.
On se baigne comme les pelerins, mais on nous met en garde : il y aurait dans les violents courants raies et requins peu sympathiques. Gloups!
Je reviendrai, mais seul cette fois, probablement demain matin, avant le lever du Soleil sur le Sri Lanka tout proche, a une quinzaine de kilometres seulement.
Selon certaines croyances, le chapelet de roches affleurantes et d`ilots reliant Dhanushkodi au Sri Lanka aurait a une epoque servi de base a l`Adam`s Bridge, un long pont reliant le Sri Lanka au continent. Selon la mythologie hindoue, c est Hanuman (le dieu a tete de singe) et son armee de singes, qui auraient construit le pont pour sauver Sita. Apres ca se complique et depasse largement mes competences, le scenario est coton et il y est meme question de soucoupe volante, selon mon pote Kanan.
Si vous voulez avoir une idee plus precise : http://en.wikipedia.org/wiki/Hanuman , mais bon courage!


Et meme au bout du monde, des pelerins tres sympas venus du Karnataka et qui adorent bien sur se faire prendre en photo avec des blancs


 Petite video prise a l instant.
Le festival religieux est termine et l ambiance s est sensiblement apaisee.
Quand meme quelques processions, toujours plein de monde partout, et le temple qui crache une musique tres agreable, qui semble tout droit venue de l`espace .











He oui, ici on mange ce qu on trouve!



Bienvenue a l`hopital Siddha!



Couleurs couleurs...


 c`est pas un beau stand qui brille ca?


 Divinite de sortie sur son char
























Festival de sarees

















Melting pot des religions chez un barbier : chretiens, musulmans, hindous, y`en a pour tous les gouts!















L iconographie hindoue un peu kitsche et tres coloree me plait vraiment pas mal, et je redecore ma chambre d`hotel, meme si ma conversion n est pas pour demain!




 Famille de Dhanushkodi dans son village...














...parfaitement integre dans les dunes!















Dans le temple, les gamins partent a la peche. Il y a pas mal de poissons, mais ce qui les interesse, c est de recuperer les offrandes des pelerins grace a un aimant pendu au bout d un fil! Rien ne se perd et ca ne choque absolument personne...


Bon, dernier repas chez Kanan et c est parti pour 36h de voyage en train, dont deux changements. Il parait que le train en Inde peut s averer folklo, donc on va explorer ca!
Prochaine etape, Hampi, loin dans les terres. Ambiance temples et beaux paysages en perspective.

A+ !