Bon, j ecris maintenant depuis la Normandie, mais ma tete est encore au Sri Lanka, donc c est encore aussi authentique que si je redigeais de la-bas!
Il me reste 2 jours de voyage, et il est donc temps de regagner Midigama pour y recuperer mon telephone egare dans le taxi qui m a amene a Arugam Bay il y a 10 jours. Je retrouve l ambiance "mafia segregationniste" mais tellement surf paradise de Ram s guesthouse. Je n ai vraiment pas envie de rentrer et je veux profiter jusqu a la derniere goutte d ecume, jusqu au dernier rayon de soleil et jusqu au mon dernier nanogramme d adrenaline : l ambiance n est plus a 100 mais au moins a 2000% surf! Je ride comme jamais et ignore totalement le corail qui attend patiemment ses proies sous les gros tubes bleus de Ram s right ; je n ai pas grand chose a perdre et prend tous les risques, avec des recompenses de circonstance a la cle.
"I am Superman, yehaaaaa!"
Idem le lendemain ou finalement je reporte mon depart en tuk tuk de 24h pour pouvoir profiter encore et encore! Je suis d autant plus motive que j ai vu les conditions atmospheriques et marines qui m attendent en Normandie : le decalage du retour ne sera pas qu horaire, mais aussi thermique et surfistique!
En plus, le spot de Rams est en forme et le potentiel est la pour un maximum de sensations!
Les levres epaisses fracassent des planches tandis que le corail scarifie de nombreux dos, bras et jambes... Wahoooooo!
Et chose promise, chose due, je rends une derniere visite a mes amis de debut de voyage, Bandara et la famille Amarathunga sur la route de Colombo. Comme prevu, la famille compte desormais un membre de plus : bienvenue a Britney!
Apres un apero de depart, j embarque avec Bandara pour l aeroport de Colombo ; mon dernier trajet de nuit en tuk tuk dure plus de 2 heures et Bandara qui a decide de m accompagner pour illustrer une ultime fois l hospitalite cinghalaise, ne peut se retenir de s arreter dans un wine shop pour faire le plein de bieres pour la route (heureusement notre chauffeur reste sobre!).
Bad trip avec la mafia touristique gouvernementale Indo-cinghalaise
He oui, tout le voyage s est bien passe, et on peut presque par consequent dire qu il manque quelque chose... La traditionnelle petite galere du voyageur que j attendais presque depuis le debut arrive enfin!
Je vais essayer de ne pas trop detailler l histoire ici car elle est naturellement un brin compliquee et tres riche en rebondissements. Si vous aimez les casse-tete administratifs, bienvenue dans ce chapitre. Sinon je vous recommande de passer votre chemin!
Pour resumer, lorsqu on quitte l Inde, il est interdit d y retourner avant 2 mois. J ai prevu d y transiter, mais cette loi de "no re-entry" ne me concerne vraisemblablement pas puisque je ne fais que transiter par la zone internationale de l aeroport de Chennai sans devoir en sortir ; aucune condition de visa ne doit donc s appliquer. Mais a l enregistrement de mes bagages, et apres debat entre les preposes de Sri Lankan Airlines, on me dit que je vais devoir recuperer tous mes sacs lors de mon escale a Chennai, pour une raison que j ignore. Je comprends donc que je vais devoir sortir de l aeroport et presenter mon visa... qui n est plus valable puisque j etais en Inde il y a moins de 2 mois!
On me declare donc, en toute simplicite et avec un petit sourire en coin : "sorry mister, you cannot go", et on m indique la marche a suivre : me galerer a Colombo que je ne connais pas du tout, faire une demande de "re-entry visa" et changer mes billets d avion, en m affirmant que le delai pour tout ca ne devrait pas exceder 1 semaine. Mais je bosse dans 5 jours en France et mon visa sri lankais expire apres demain! Je n en crois pas mes oreilles et tout ce que je peux faire maintenant, c est etre tres enerve et depenser 20 euros de taxi pour tourner 1 heure a la recherche d un hotel cher dans la capitale, hautement militarisee.
Le lendemain, j entame les demarches. Evidemment, l ambassade ouvre a 9h30 (enfin plutot 45) et ferme a midi. On m y dit que si je veux pouvoir quitter le pays demain soir, je dois revenir aujourd hui avant midi avec mon nouveau billet d avion, que je ne sais meme pas ni ou ni comment changer, puisqu il fait intervenir govoyages, air india et sri lankan airlines.
Direction donc les bureaux de sri lankan et d air india ou on me recoit toujours en me disant "oooh, visa problem" avec les memes petits sourires un peu narquois, qui semblent exprimer "on connait bien ce genre de situation, et toi on va bien te pomper ton fric, pauvre con de touriste, hehehe!".
Pour donner une idee de la situation kafkaienne ; pour obtenir mon visa, il me faut presenter un billet d avion a l ambassade, et pour obtenir ce billet, il faut que je sache quand j aurai mon visa, ce que l ambassade ne peut pas me certifier. De plus, Air India, qui se charge de changer la date de mon billet, a vendu le premier de mes 3 vols prevus a sri lankan airlines qui se reserve le droit d annuler ma reservation si celle ci n est pas validee suffisamment tot. Pour couronner le tout, mon visa sri lankais expire demain soir, et si je ne parviens pas a prendre l avion avant, j aurai tout gagne : je serai en situation illegale ici et aurai besoin de recommencer toutes les etapes administratives, en plus d avoir a demander une extension de visa sri lankais. Evidemment, dans 48 heures j ai un RDV pro en France avec une dentiste qui part en vacances dans la foulee...
Et si je rate le coche de l avion de demain, j aurai en plus de tout ca a attendre que le week end se termine pour que les differents bureaux rouvrent!
Bref, j ai d un coup une autre vision du Sri Lanka...
Dans mon malheur, j ai la chance de rencontrer un jeune anarchiste allemand qui semble s amuser autant que moi dans les differents bureaux. On decide de partager ma chambre d hotel (qui est en fait un hotel de passe) afin de minimiser les frais et de se soutenir mutuellement. Lui etait en Inde il y a 1 semaine et voulait passer quelques jours au Sri Lanka avant de revenir en Inde, ce qui est bien sur interdit. Sauf qu a sa sortie d Inde, plusieurs officiers de l immigration lui ont certifie qu il pourrait revenir sans aucun re-entry visa ni aucun probleme. Mais comme souvent dans ces pays, il ne faut faire confiance a personne, y compris aux specialistes. Du coup, meme sort que moi!
Je passe les details complementaires (encore plein de contradictions et d engueulades dans plein de bureaux), mais je suis maintenant convaincu que tout cela est un peu voulu et organise par les administrations indienne et sri lankaise, et ca se voit dans les sourires qui recoivent votre argent lorsque vous payez le re-entry visa, le changement de billet d avion, ou encore au moment ou on vous refuse a l aeroport, vous projetant sans pitie au coeur de la spirale infernale.
Autre indice d ailleurs, a la sortie de mon avion a Chennai, l entree dans la zone de transit international est purement et simplement cadenassee, m obligeant effectivement a sortir de l aeroport pour y rerentrer 20 metres plus loin, et justifiant ainsi ce foutu visa. Tout ceci n est en fait qu un simple business, tres tres efficace je dois dire, puisqu il a permis aux 2 pays complices de me soutirer environ 300 euros en 2 jours, soit ce que je depensais en plus de 3 semaines en rythme de croisiere pendant le voyage.
A Chennai, apres une nuit blanche passee assis comme un clochard au milieu des dechets du parking de l aeroport (interdiction de rerentrer dans le hall plus de 3h avant le vol!), je teste un peu les officiers de l immigration, qui se contredisent tous au sujet de la necessite d avoir un visa dans mon cas. Chacun d entre eux affirme savoir, mais aucun ne me donne d explication valable, et surtout tous invoquent une raison differente : ils sont aussi perdus que moi!!! Bref, je suis content quand meme d avoir obtenu ce re-entry visa, sans lequel on m aurait peut-etre renvoye a Colombo, la case depart, mais avec un visa sri lankais tout fraichement expire, ce qui aurait signifie sejour en prison pendant quelques heures ou quelques jours...
Pour etre positif, cette onereuse, humiliante et stressante mesaventure m aura permis de decouvrir Colombo que je n aurais probablement jamais exploree autrement!
Quelques photos pour se reposer les neurones maintenant...
L autel christiano-bouddhiste de notre hotel de passe
Importante propagande d apres-guerre (ou entre deux guerres?) dans les rues de Colombo, ou l on n aime pas du tout les americains!
Et on ne lesine pas sur la puissance des images...
Mon pote d infortune, Leo le punk allemand. Par provocation, il effectue les demarches d obtention du visa et le passage de frontiere avec un t-shirt "refugees welcome, bring your family!"
On passe une soiree biere, beedees et noix de betel a l hotel, pour oublier les incertitudes que nous reserve l avenir proche.
Meme si on est profondement ecoeures par ce qui nous arrive, on est bien soulages d avoir pu obtenir nos foutus tampons! On les brandit ici fierement entre les rails et la plage de Colombo.
Le pere de Leo est tres ami avec un important politicien local, qu on a appele pour tenter de faire pression sur l ambassade indienne afin d accelerer la procedure d obtention des visas. On ne sait pas si ca a vraiment ete efficace, mais on est tires d affaire et c est le principal!
Retour long mais tranquille, supervise par Bouddha qui nous accueille ici a l aeroport de Delhi
A+ pour la conclusion de tout ce voyage.
Vive le surf et mort a l administration!!!
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